Guy PEGERE
Membre de la Société Géologique de France
Le cadre métallogénique des filons diversement minéralisés du district Brioude-Massiac, apparaît lié à de nombreux facteurs, comme la température, la pression, les phénomènes mécaniques des zones tectoniques. Ces dernières sont conséquentes de failles cisaillantes, aux fractures de direction très voisines, suivies de remplissages chimico-minéralogiques des roches encaissantes proches de la zone de dépôt.
Les Minéralisations sont rapprochées à deux cycles minéralisateurs. Un premier cycle de hautes températures, avoisinant 400°, à : mispickel, wolframite, étain, cassitérite, scheelite, chalcopyrite. Ces minéralisations associées sont toujours très proches de corps granitiques intrusifs. Au cours de températures décroissantes, moyennes, de l’ordre de 300°, se mettent en place des minéralisations plutôt en liaison avec des roches métamorphiques, (gneiss à biotite et sillimanite, gneiss leptyniques et orthogneiss) essentiellement à stibine. Ce sulfure d’antimoine est le plus important dépôt du district, accompagné de berthiérite, donnant lieu à des oxydes kermésite, valentinite, sénarmontite, etc… dont la concentration peut être également exploitable.
Le second cycle minéralisateur se résume à une minéralisation de basse température, environ entre 180° à 200°, à sulfosels type : semseyite, bournonite, suivi d’une mise en place plus tardive de barytine entre 80° à 100°. D’évidence, la minéralisation des deux cycles du district, s’avère complexe par télescopage, métissage et dispersion dans le temps et l’espace, chaque cycle empruntant des fractures d’orientations différentes.
Les filons de stibine sont considérés comme étant, les premiers formés vers la fin du Westphalien (300-290 M.A) ; suivis des filons à sulfosels au Lias (200-180 M.A). Sur le terrain, les fractures minéralisées de la lignée à stibine prennent distinctement une direction générale N-S, la lignée à sulfosels type semseyite, bournonite, essentiellement E-W ou NW- SE.
En résumé :
L’espace métallogénique du district à antimoine de Brioude-Massiac, comprend des éléments minéralogiques occupant des structures filoniennes hydrothermales, constituant une province polymétallique. Ces structures sont en corrélation dans la durée et l’étendue des cycles de températures décroissantes, de différentes pressions et de mobilité des éléments et de fluides minéralisateurs pénétrant les milieux encaissants.
Dans l’Histoire des modélisations minéralisatrices à l’échelon des Monts-métalliques, de la petite région de Brioude-Massiac qui est d’une superficie de l’ordre de 600 kilomètres carrés, succinctement délimitée par un triangle possédant pour sommet Brioude-Langeac-Massiac, nous dévoile une spécialisation métallogénique en Sb, qui résulterait d’un gradient thermique, centré d’un soubassement granitique de répartition central, dissimulé sous les roches métamorphiques. Cette conception métallogénique d’une grosse masse centrale granitique, autant fortement supposée que débattue, fut finalement assez standardisée à partir des années 1960, déjà par P. Rhoutier, dans son ouvrage «Les Gisements Métallifères» (Masson 1960).
Des concentrations métallifères dans, et autour d’un pluton granitique, sont aussi parfaitement regardées pour les minéralisations argent-cuivre de l’important district de Freiberg (Saxe). Une même modélisation tend à se généraliser pour beaucoup de concentrations métallifères, ainsi régionalement le gisement quartzo-wolframite d’Euguialès dans la Châtaigneraie Cantalienne. Cette synthèse de formation des gisements métallifères spatialement associés avec des gradients thermiques de granites, dans un processus hydrothermal, fut autant privilégiée par, mon ami Jean-Jacques Périchaud, lors de ses travaux de sa magistrale thèse sur le district de Brioude-Massiac (1970).
Invité d’honneur Jean-Jacques Perichaud, suite à mon exposition sur la «Découverte des Volcans d’Auvergne en 1751 Par le Naturaliste Jean Etienne Guettard», à la Médiathèque de Brioude en septembre 2013.